Les journalistes sont «libres» de ne jamais critiquer leur employeur, affirme la FPJQ
Les journalistes québécois seraient-ils les plus intègres de la profession? C’est du moins ce que laisse entendre un sondage réalisé par La Presse à la demande de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
Publié ce matin sur le site de la FPJQ, le sondage fait état de 97% des journalistes québécois qui estiment se sentir « entièrement libres » de ne jamais critiquer leur employeur.
Des chiffres éloquents, selon Guy Crevier, directeur de la publication pour le journal La Presse : « Vous savez, ici, on respecte les décisions de la rédaction et nos employés savent très bien qu’ils ne subiront aucune conséquence lorsqu’ils décident de ne pas parler des liens douteux entre le PLQ et la famille Desmarais, par exemple », explique-t-il. Des propos repris, mot pour mot, par tous les employés du célèbre quotidien que nous avons rencontrés.
« Dans le passé, il est vrai que c’était différent, mais les choses ont bien changé. Aujourd’hui, tous les membres de notre grande famille sont entièrement libres de ne jamais parler en mal des entreprises appartenant aux propriétaires », estime-t-il.
La santé de la liberté d’expression
Repris dans tous les journaux du Québec, ce sondage de la FPJQ semble faire l’unanimité chez les journalistes. C’est du moins l’opinion d’Alain Gravel, journaliste et animateur de l’émission Enquête, sur les ondes de la SRC.
« En plus de 35 ans de carrière, je n’ai jamais subi de pressions de mes employeurs pour m’exprimer publiquement contre eux », affirme-t-il, ajoutant du même souffle que « ce n’est pas quelque chose que j’aurais fait de toute façon. Je suis libre de fermer les yeux sur ce qui se passe ici et parallèlement, je peux enquêter sur nos compétiteurs si je le décide ».
Déclarant que la liberté de ne pas s’exprimer au Québec était en « grande santé », Alain Gravel souligne le travail « exceptionnel » de ses employeurs pour ne pas forcer les journalistes de la SRC à s’interroger sur l’abondance d’anciens libéraux invités pour commenter l’actualité politique. « On pourrait penser que mes patrons me demanderaient de dénoncer haut et fort ce manquement à l’éthique journalistique, mais c’est très mal les connaître. Ils n’oseraient jamais », précise-t-il.
Aux dernières nouvelles, Alain Gravel rapportait les propos d’un informateur anonyme qui prétend détenir des preuves « compromettantes » contre les citoyens qui remettent en question l’éthique de certains journalistes.